2019

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Le festival de Woodstock, entre le symbole d’une génération et la naissance d’une nouvelle ère.

Devenu mondialement célèbre, le festival de Woodstock Music And Art Fair, 15-18 août 1969, n’est pas le premier festival pop* d’importance, mais sa puissance symbolique est inégalée. A partir de janvier 1966 et le Trips Festival de San Francisco, les grands rassemblements musicaux vont se multiplier, attirant des foules de plus en plus considérables. Le 14 janvier 1967 au Golden Gate Park de San Francisco le Human Be-in réunit 25 000 personnes autour des thèmes de la contreculture, lançant le Summer Of Love dont Monterey Pop en juin est la manifestation la plus éclatante (80 000 festivaliers). En 1968, le phénomène s’amplifie avec, par exemple, Newport Pop (100 000) ou Miami Pop (100 000) et s’accentue encore en 1969, Woodstock étant notamment précédé par Denver Pop (50 000), Atlanta (150 000), Newport 69 (200 000) ou Atlantic City (100 000). Au Royaume-Uni, dès 1967, le National Jazz & Blues Festival à Windsor, Sunbury puis Plumpton, le Spalding Flower, le Hastings Festival Of Music, le Festival Of Flower Children à Woburn font découvrir les groupes pop, soul et psychédéliques. En 1968, a lieu le premier festival de Wight. De même en Allemagne, l’International Essener Songtag d’Essen associe, en septembre 1968, groupes anglo-saxons et la nouvelle scène allemande encore embryonnaire.

Malgré un succès populaire inattendu de plus de 450 000 spectateurs, Woodstock n’a pas la palme de la plus grande affluence, dépassé par Wight 1970 (entre 600 et 700 000) et le Summer Jam de Watkins Glen en juillet 1973 (plus de 600 000). Altamont, qui clôt les trois années de Summer Of Love sur une note sombre avait rassemblé 300 000 personnes le 6 décembre 1969.

Un festival pop se déroulera à Woodstock, Connecticut (sic), ville où réside Bob Dylan, du 15 au 17 août. Y participeront : Joan Baez, Ravi Shankar, les Blood Sweat and Tears, Richie Havens et bien entendu Dylan. Cet entrefilet paru dans Rock & Folk n° 31 d’août 1969 montre à quel point, à l’origine, Woodstock, dont le site est plusieurs fois déplacé, est considéré comme un festival parmi d’autres, lié essentiellement à la participation de Dylan qui ne viendra d’ailleurs pas. C’est la sortie du film, en mars 1970, et des disques qui sauvera les organisateurs de la faillite et fera connaître le festival au monde entier.

Considéré comme l’apogée du mouvement de la contre-culture**, Woodstock marque en même temps la fin d’une époque. Les rapports entre les musiciens devenus des superstars dont les cachets s’envolent, le public et le music business se modifient profondément. A l’image de la société, au début des années 80, abandonnant les idéaux libertaires et l’idée même de contreculture, les plus gros festivals se professionnalisent, se standardisent aux mains de financiers consensuels. D’autre part, musicalement, Woodstock occupe une position charnière entre la fin du psychédélisme et l’émergence de nouveaux courants, hard rock, progressif, glam et funk.

*En France, la pop anglo-saxonne est désignée par le terme rock, celui de pop étant alors réservé à la variété.

**Surtout utilisé en France, le terme hippie est inadéquat et réducteur, le mouvement de contestation étant bien plus large.

L’exposition

L’exposition est organisée autour du festival de Woodstock comme élément symbolique de l’année 1969, une période charnière entre la fin du psychédélisme, l’évolution de mouvements qu’on a définis sous l’appellation globale de contreculture et l’émergence de nouveaux paysages musicaux et culturels.

En premier, seront proposés les disques des trente-deux groupes et musiciens qui ont participé au festival, souvent avec deux albums, un réalisé avant le festival, un autre après.

Puis, des disques d’artistes renommés tels Bob Dylan, Led Zeppelin, Jeff Beck, les Mothers Of Invention, les Byrds… qui ont été invités et qui, pour diverses raisons, eux ou souvent leurs managers, ont décliné l’offre.

Figure également une sélection d’albums de musiciens qui auraient pu être invités, représentants de courants majeurs de la fin des sixties, artistes innovants ou ayant participé à des festivals antérieurs comme Monterey : Dr. John, Tim   Buckley, Procol Harum, Traffic, Youngbloods, Soft Machine, Fleetwood Mac, Quicksilver Messenger Service, des groupes de soul et des bluesmen.

Le parcours discographique se terminera avec une courte sélection d’héritiers du psychédélisme, dont les carrières ont pris leur essor à partir de 1969/1970, ainsi qu’avec quelques albums en rapport avec les festivals français, Amougies en particulier.

Seront également exposées :

Une trentaine d’affiches de concerts éditées entre 1968 et 1972/3 dont, bien sûr, celle de Woodstock

Une dizaine de photographies, œuvres de Christian Rose prises pendant le festival d’Amougies, cinq jours et cinq nuits fin octobre 1969 avec une programmation unique mêlant rock, free jazz, musique contemporaine et Frank Zappa en électron libre.

Une série de textes accompagnera le visiteur tout au long de l’exposition.

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