Dans England’s Dreaming, son ouvrage de référence sur l’histoire du mouvement, le journaliste britannique Jon Savage explique que le Punk était « une esthétique marginale internationale : sombre, tribale, aliénée, étrangère, pleine d’humour noir qui s’était répandue à partir des USA à travers le Royaume-Uni et la France, puis à travers l’Europe et le reste du monde… ». l’Hexagone « underground » était en effet aux avant-postes de ce grand chamboulement des mœurs pas uniquement musicales, et Rouen dès 1975/1976, grâce à l’énergie de quelques-uns, allait donner sa propre version du phénomène entrain de naître et de s’auto inventer. Eric Tandy, aujourd’hui journaliste, qui était à l’époque vendeur au magasin de disques Mélodies Massacre et parolier des Olivensteins, va revenir sur ces années où débrouille, naïveté, besoin vital d’autonomie et manque d’ambition proclamé faisaient qu’une scène musicale locale existait d’abord pour elle-même. Le Rouen rock de 1977/78, comme le Boston ou le Manchester de la même époque, « faisait son truc » en toute indépendance artistique et créatrice, hors contextes ambiants majoritaires. C’est sûrement pour cela qu’il continue de fasciner.
