PH comme Pierre Henry, compositeur-expérimentateur et magicien des sons, initiateur par ses découvertes techniques et artistiques des musiques électroniques, mais aussi PH comme phot, l'unité de mesure de la lumière. La chorégraphe et plasticienne franco-japonaise Mié Coquempot crée dans son nouveau spectacle l'alchimie entre ces deux pôles, entre musique et images, entre mouvement et espace. Tout est affaire d'énergie dans ces chorégraphies complexes qui évoluent entre ciel et terre au fil de trois oeuvres de Pierre Henry : Envol, pour lequel les corps se font plus légers que l'air, Empreintes, qui opère la fusion féconde de la terre et de la chair, et la Grande Toccata, occasion de libérer toute la puissance des mouvements et de laisser éclater la virtuosité des interprètes. Les gestes des danseurs de la compagnie produisent et déforment des ombres autonomes, font naître en toile de fond les images baroques sorties de l'imaginaire du plasticien Frédéric Lormeau et illuminent le volume scénique de couleurs changeantes. En somme c'est une expérience de tous les sens qu'offre cet hommage au « maestro », dont l'oeuvre fut pour la première fois associée à la danse grâce à Maurice Béjart. Et un beau moyen d'illustrer, grâce aux ressources numériques qui accompagnent les corps et permettent cette incarnation particulière, la manière dont la musique, imperceptiblement, modifie le monde.