Avant le reggae et le ska, il y eut le mento. Grâce à cette musique, plus rien ne fut comme avant. Musique populaire et rurale, le mento plonge ses racines dans les traditions et rituels élaborés par les descendants d'esclaves. Contemporain du calypso, musique de baloche et de bamboche, le mento des Jolly Boys enflamma les campagnes, le bar des hôtels à touristes et même les orgies d'Errol Flynn rapporte la légende. Avec l'indépendance de l'île et les nouvelles scènes musicales émergentes, les Jolly Boys et autres noceurs égrillards ne rentrèrent pas dans le moule de la conquête planétaire du reggae. Largement septuagénaires, sans basses, sans dents mais avec une rumba box envoûtante, les Jolly Boys sont revenus au bénéfice d'un album de reprises saugrenues des grands trublions du rock'n'roll : Perfect Day (Lou Reed), Rehab (Amy Winehouse) ; Passenger et Nightclubbing (Iggy Pop), Ring of Fire (Johnny Cash), I Fought the Law (Sonny Curtis déjà repris en son temps par The Clash)... Autant de morceaux de bravoure et d'humour, interprétés par une forme de Buena Vista Social Club jamaïcain, déglingué mais vaillant.