Pour ce premier single qui entérine le fonctionnement de Rouge Minnesota en triumvirat, il était urgent de relire un titre de cette ancienne formule où Aminata Mendy s’affirmait seule hiérophante, sous l’anti-lumière jetée par ses désormais deux co-compositeurs.
Ainsi Time s’offre comme une refonte à trois têtes de l’un des titres les plus forts de Limbes, opposant au précédent lyrisme vénéneux une marche inexorable et cruelle, à l’image des motifs rythmiques de ce piano funeste, incarnant le Temps lui-même, ses éons dévoreurs de chairs, etl’inévitable décrépitude de tout ce qui a osé et osera encore exister.
The coming tide, lui, est le premier fruit de composition réel de cette forfaiture signée à trois dans l’encens et les fumées des holocaustes – présents et à venir. S’y reflète enfin tout le savoir-faire développé en live, toute la palette instrumentale : percussions antiques, chant de Pythie prévoyant la fin d’un monde, textures d’orage. On s’y surprend à rêver de civilisations englouties par d’incalculables marées d’écume, d’anciens savoirs désintégrés par la violence des flots, qu’il ne fait jamais bon chatouiller par hubris. Et la vague qui arrive fera de nos certitudes autant d’Atlantides suffocantes dans le tourbillon de leur propre vanité.
Texte de : Rosanna Oplüho-Dessieux